Chaire Futurs d’élevage : retour sur une journée consacrée à l’eau dans les entreprises d’élevage
Le 20 novembre, la Chaire Futurs d’élevage a réuni chercheurs, professionnels des filières animales, étudiants et acteurs du territoire pour une journée centrée sur un enjeu devenu stratégique : la gestion durable de l’eau dans les entreprises de l’élevage.
Au programme : état des lieux, innovations, retours de terrain et perspectives pour accompagner des systèmes plus sobres et plus résilients. Toutes les vidéos de l’évènement sont maintenant en ligne.
Comprendre : politiques publiques, diagnostics et réalités de terrain
Trois interventions introductives ont permis de poser les bases et de donner un panorama complet des enjeux :
– Pascale Ferry (DREAL Bretagne) a présenté les cadres de planification et de gestion de l’eau, en soulignant les spécificités bretonnes et les arbitrages nécessaires selon les échelles territoriales.
– Laurence Ligneau (Chambre d’Agriculture de Bretagne) a détaillé l’empreinte en eau dans les entreprises de l’élevage (en production comme en industrie) et a présenté le programme FERMADAPT, consacré à l’adaptation des exploitations face au changement climatique.
– Maëlle Fisselier (Cooperl) a illustré les démarches d’optimisation et de réduction des consommations d’eau en industrie de la viande, notamment à travers la logique des 3R : réduire, recycler et réutiliser.
Innover : leviers techniques et solutions émergentes
La première table ronde, animée par Stéphane Saillé (Innoval développement), a réuni :
- – Denis Costechareyre (Greenphage)
- – Marine Guillier (Biosphères Regenerative Agriculture)
- – Mathieu Godet (Baoba)
- – Bruno Mougin (BRGM)
Les échanges ont mis en avant des approches complémentaires : technologies d’optimisation, solutions fondées sur le vivant, dispositifs territoriaux et outils d’aide à la décision.
L’ensemble dessine des pistes concrètes pour renforcer l’efficacité hydrique dans les filières.
Intégrer et agir : bien-être animal, pratiques d’entreprises et retours de terrain
Vanessa Lollivier a présenté les travaux de E. Nizzi et A. Boudon sur l’impact des contraintes hydriques sur le bien-être de la vache laitière. Cette intervention a souligné les implications biologiques et zootechniques des tensions sur la ressource, rappelant que l’eau est aussi un déterminant essentiel de la santé animale.
La seconde table ronde, animée par Anaïs Lossignol (Fonds de Dotation Roullier), a réuni :
- – Maëlle Fisselier (Cooperl)
- – Éric Philipot (Phosphea)
- – Jean-Louis Poulet (Idele)
- – Sébastien Prodhomme (Innoval développement)
Les intervenants ont partagé leurs pratiques et les contraintes rencontrées au quotidien : gestion des prélèvements, adaptation des process, investissements nécessaires, ou encore suivi des indicateurs hydriques. Ces retours de terrain ont permis d’aborder la gestion de l’eau sous l’angle opérationnel.
Éclairer : regards d’étudiants et avancées de la recherche
Les étudiants des parcours SIPA et SAED ont présenté leurs travaux sur l’adaptation des systèmes caprins de la vallée du Rhône face au changement climatique, montrant comment les futurs cadres du secteur s’approprient ces enjeux.
Marine Jacquemin (UMR PEGASE) a ensuite partagé une analyse des profils et trajectoires des jeunes agriculteurs diplômés, offrant des éléments précieux pour comprendre les dynamiques d’installation et les nouvelles attentes en matière de durabilité.
La journée a également été l’occasion de remettre le prix “Durabilité des élevages”, inspiré du format Ma thèse en 180 secondes.
Les trois finalistes – Rémi Centrès, Alexandre Hubert et Léa Philippe – ont présenté leurs travaux, et le prix 2025 a été attribué à Rémi Centrès pour son projet de colon sur puce porcin, ouvrant de nouvelles perspectives en santé animale.
Changer d’échelle : une perspective internationale sur la gouvernance de l’eau
En clôture, Christophe Cudennec (L’Institut Agro) a proposé une mise en perspective globale : définitions de l’empreinte eau, enjeux de gouvernance, tensions géopolitiques et arbitrages à venir pour les filières animales dans un contexte de raréfaction de la ressource.
Une intervention qui a rappelé que les défis hydriques se jouent à plusieurs niveaux : local, national et international, et que les filières devront s’y adapter dans la durée pour contribuer pleinement aux Objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations unies.